La Patagonie et l’eau

« Non aux barrages en Patagonie !

La Patagonie n’est pas à vendre !

Non à HidroAysén ! »

Voilà ce que l’on peut lire ou entendre dans les grandes villes du sud du Chili et principalement en Patagonie.

Un article de Cristina l’Homme sur Rue89 nous explique fort bien la situation.

Des dizaines de milliers de manifestants s’élèvent contre un projet de construction de cinq méga-barrages hydro-électriques par HidroAysén. Naturellement, les carabiniers interviennent et violemment.

La Patagonie est l’une des rares régions du monde encore intacte et représente la troisième réserve d’eau douce dans le monde. Quelle richesse ! Quand on sait que l’eau devient de plus en plus rare et qu’il faut la sauvegarder.

Oui, mais l’électricité … Ah ! L’électricité que ne ferions nous pas pour en produire plus et toujours plus …

Si le projet se concrétise, ce sera 18430 GWh par an qui seront produits. Et cela nécessitera des alignements de pylônes (de plus de 70 m de haut) sur 300 km vers le nord du pays. Et il faut savoir que le taux de pertes d’énergie avec ce type de transport est de 30%.

C’est la mort de cette région d’Aysén que l’on appelait la « réserve de vie ».

Les lignes haute-tension traverseront :

• six parcs nationaux, dont celui de la Lagune San Rafaël, classé réserve de biosphère par l'Unesco ;
• onze réserves, dont celle de Pumalín ;
• 32 propriétés qui protègent la nature.

Les Patagons se sentent abandonnés par leur gouvernement qui n’hésite pas à soutenir le projet.

Mais qui est donc HidroAysén ?

Derrière HidroAysén se cachent deux des trois entreprises qui tiennent le monopole de l'électricité chilienne : Colbún (49% de HidroAysén) et Endesa-Chile (51%) contrôlé par le géant italien de l'énergie Enel (Endesa-Chile étant une filiale d'Endesa-Espagne, qui est contrôlé à 92% par Enel).

Comment se fait-il que ce soit une entreprise italienne qui décide du devenir d’une région chilienne ? Enel-Endesa considère que ce projet est stratégique. Voilà, cela est dit.

La commission chilienne d’études sur l’environnement, constituée essentiellement de fonctionnaires publics (certains ont démissionnés … pourquoi ?) a émis un avis favorable sans tenir compte des incidences environnementales et des observations des Patagons.

Le 26 avril à 13 h 30, l’étude d’impact sur l’environnement considérait le projet comme « non conforme » et à 14 h le projet est devenu « conforme » après quelques interventions !!!

Grâce à une loi, due à ce cher Pinochet, Endesa, donc Enel, possède 96% de l’eau de toute la région. Cette loi a permis la privatisation du droit d’exploitation et ainsi les « vautours » ou multinationales ont pu facilement s’approprier le « trésor ». Et personne n’a pensé à changer cette loi c’est vrai qu’il y a tant et tant d’intérêts en jeu.

A qui tout cela profite t’il ?

Aux Patagons : NON
Aux Chiliens : NON

L’eau des Chiliens appartient à des multinationales étrangères !!!

Il faut savoir également que les entreprises minières du Nord du pays ont besoin d’électricité et elles sont pour la plupart étrangères !!!

Il faut savoir également que HidoAysén, Endessa et Colbun contrôlent 80 % du marché de l’électricité chilienne et que le prix de l’énergie au Chili est l’un des plus élevés au monde.

L’électricité produite avec de l’eau est vendue au même prix que celle produite avec du pétrole. C’est l’alignement vers le haut … On comprend maintenant beaucoup de choses !!!

Ecoutons l'écrivain Luis Sepúlveda dans sa lettre au président de la République chilien :

« HidroAysén, citoyen président, signifie la complète déforestation, l'annihilation, l'extermination de 23 000 hectares de forêts chiliennes. […]

Dans un futur proche, votre buste se trouvera dans une galerie avec tous ceux des ex-présidents chiliens. Il ne dépend que de vous qu'au moment où l'homme chargé de le nettoyer viendra faire le ménage, il se dise avec admiration : “J'enlève la poussière du buste d'un président qui a sauvé la Patagonie d'une mort annoncée”.

Ou bien qu'il passe devant votre buste en refusant de dépoussiérer l'image de celui qui aura détruit l'une des régions les plus belles et les plus pures de la planète. Tout dépend de vous, citoyen Président. »