Le Cameroun, le choléra et l’eau.

Un bilan officiel, paru le 18 août, dû au ministre de la santé, André Maman Fouda, fait état de 225 personnes tuées par l’épidémie de choléra déclarée début mai dans deux régions du nord du pays – telle est l’information que l’on pouvait lire sur le site du journal « Le Monde » hier.

Le site du « Journal du Cameroun » sur Internet, quant à lui, faisait sa une Lundi dernier (le 16 août) avec ce titre :

« Epidémie de choléra au nord Cameroun : Le gouvernement dit avoir maitrisé la situation »

On est heureux de l’apprendre !!!!

Et dans cet article était précisé : « Seuls 113 cas restent préoccupants, selon le gouvernement »

Voici ce que déclarait le ministre de la Santé, André Maman Fouda, lors d’une visite à Mokolo, localité où la maladie a causé le plus de morts, avec son collègue en charge de l’eau et de l’énergie :

« La situation est aujourd’hui maitrisée, il est vrai que cette épidémie a touché 2431 personnes et occasionné la mort de 184 d’entre eux, mais actuellement les malades sont pris en charge dans les hôpitaux publics, mais aussi dans le cadre des organisations communautaires. On a vu des salles de classe à Sirak, transformées en zones d’accueil et de soin des malades. A l’heure actuelle, seul 113 personnes sont encore durement atteintes par la maladie »

De son côté, le ministre de l’énergie et de l’eau, Mickael Nganko Tomdjio, a indiqué : « Nous avons invité les populations à se laver les mains lorsqu’elles rentrent de leurs activités, mais aussi nous avons prescrit aux mairies de construire des latrines publiques »

Fin juin, Mama Founda avait, lors d’une visite dans l’extrême nord, déjà rassuré la population en indiquant que la situation était maitrisée.

Peu importe les chiffres, ne nous battons pas pour savoir si c’est 180, 200 ou 220 personnes ce sont de toute manière 180, 200 ou 220 décès de trop et c’est inadmissible au 21° siècle.

Il faut savoir que nous sommes dans des zones rurales à fortes activités pastorales, les enfants, les femmes et les hommes et les bêtes partagent les mêmes points d’eau ou marigots. La population n’est pas vraiment sensibilisée aux  techniques de traitement de l’eau pour la rendre potable. Les morts sont nombreux (les chiffres officiels seraient sous estimés) et sont enterrés sans toujours être déclarés et surtout sans les protections sanitaires d’usage, dans ces cas là.

Peu de gens partagent l’optimisme du ministre bien au contraire. La persistance des pluies et le manque de moyens font craindre plus une aggravation qu’une maîtrise de la situation.

L’eau est un véritable problème au Cameroun. Toujours par « Le journal du Cameroun », on apprend  que « Ngaoundéré, le château d’eau du Cameroun a soif ! » - édition du 08/07/2010

Et pourquoi donc ? Des perturbations causées sur le réseau de distribution par l’entreprise chargée du bitumage de la route Garoua-Boulai-Ngaoundéré – un déboitement d’un tuyau dans la nuit du 30 juin au 1^er juillet 2010.

Il était prévu de déplacer le réseau pour pouvoir effectuer les travaux. Un devis a été établi mais la réponse a tardé et ….. le tuyau s’est déboité …

Alors pour les habitants, cela signifie quoi ? Voici un témoignage :

« Hélène, habitante du quartier hauts-plateaux de Ngaoundéré affirme: Moi j’ai beaucoup de problèmes parce que pour avoir de l’eau, il faut que je me déplace à des kilomètres pour trouver un forage où puiser de l’eau à boire. Pour la lessive et la vaisselle, elle déclare alors qu’il faut aller chercher de l’eau dans les marécages ou dans les puits. »

Mais cette eau des marécages et des puits n’est pas potable et ….. vous connaissez les risques.

Dans cet article du 8 juillet (une semaine après l’accident), il est précisé que : « Selon le directeur régional de la camerounaise des eaux dans l’Adamaoua, Idrissou Maingoua, des équipes qui travaillent 24 heures sur 24 sont à pied d’œuvre, question de normaliser la situation au plus vite. »

A ce jour, je ne sais où nous en sommes ….