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Post'it du Jour
6 septembre 2010

Les femmes au Kurdistan irakien

Ce matin, je voudrais évoquer le sort des femmes menacées de crimes d’honneur, au Kurdistan irakien, qui passent des années dans des refuges.

Vous en avez très certainement entendu parler de ces femmes qui pour pouvoir rester en vie n’ont qu’une seule solution « l’internement dans un centre ».

Les femmes kurdes connaissent la violence comme on ne peut l’imaginer. Sur 5 millions d’habitants , 499 femmes ont trouvé la mort en 2009, par pendaison, immolation, violences diverses ou suicide. Suzan Aref, directrice de l’association Women Empowerment Organization (WEO), basée à Erbit, nous précise au sujet des suicides ou meurtres : « Ils sont d'ailleurs sous-estimés, car beaucoup d'abus ne sont pas enregistrés. C’est vraiment une manie, ces gouvernements qui ne savent pas tenir leurs statistiques (regardez en France …)

Prenons l’exemple de Noora qui ne peut sortir du centre de Nawa, l’abri public d’Erbil (la capitale du Kurdistan iranien) :

« Cela fait trois ans que je vis dans des refuges. Si je sors, on me tue. »

« Mon cousin m'a violée à 14 ans. Deux ans plus tard, ma famille l'a découvert et mon frère a tué mon cousin. Depuis, mon oncle veut me tuer pour venger sa mort. »

Après neuf mois passés en prison et un an dans un abri désormais fermé, Noora demeure recluse dans ce centre surveillé en permanence par deux gardes armés.

Le centre de Nawa, ouvert depuis un an, ne désemplit pas.

Selon le gouvernement, 163 femmes victimes de violences y ont été accueillies en 2009. Des motifs souvent similaires les amènent à s'y réfugier : « Mariage forcé, accusation d'adultère, divorce, violences domestiques… », énumère sans fin Bahar Rafiq, psychologue et directrice du centre Nawa.

Le sort de Noora : « Depuis trois ans, je ne sors que très rarement, et toujours sous protection policière. Je n'ai gardé aucun contact avec les gens que je côtoyais avant d'être placée en refuge. Personne ne vient me rendre visite. J'ai arrêté mes études. »

Ecoutons Rana, 16 ans, qui a fui son foyer pour échapper à un mariage arrangé et qui attend son jugement : « Le juge peut m'autoriser à me marier avec celui que j'aime. Mais mon père m'a dit que si je prenais cette décision, il me tuerait. Je n'ai pas d'espoir, je ne suis pas morte mais je me sens déjà comme enterrée. je suis en prison depuis trois mois, mais au moins ici, je suis en sécurité. »

Quel espoir ont –elles ? L’obtention d’un visa étranger. « Depuis 2000, trois femmes ont été envoyées en Europe », dénombre Paiwast Aref Maruf, avocate pour l'ONG Asuda. Une pratique que le gouvernement dément connaître.

L'absence de perspective d'avenir que ces « no man's lands » procurent aux femmes agace Suzan Aref, directrice de WEO :

« Améliorer la sécurité est primordial. Mais une fois dans l'abri, rien n'est mis en œuvre pour pousser ces femmes à s'émanciper. Les solutions existent pourtant : il serait possible de leur offrir un emploi dans des manufactures textiles sous protection policière, par exemple. Cela les aiderait à se sentir vivantes et à réintégrer une communauté. »

Il faut surtout se battre contre des mentalités, des usages, une culture … La législation évolue. Le gouvernement kurde se préoccupe des droits de la femme mais cela sera long, très long.

La corruption existe : « Il n'y a pas de réelle application de la loi. En pratique, il suffit que l'époux accepte de payer en sous-main l'Etat pour que la plainte déposée par sa femme disparaisse comme par magie des dossiers du juge. Cela arrive fréquemment que les femmes soient tuées une fois la plainte déposée à la direction chargée d'inventorier les violences faites aux femmes. »

Si ces femmes kurdes crient haut et fort : « Nous gardons espoir, il faut continuer à se battre pour nos droits. », en Europe, il est également de notre devoir de le faire savoir et de faire pression pour que cela change.

P.S : ce billet est inpiré d'un article de Marie Kostrz paru sur Rue89

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Commentaires
M
En général, quand je souhaite relayer un article méritant interêt, je site mes sources.... là j'ai oublié ... méa culpa. Mdeux
M
Bonjour,<br /> <br /> Je suis la journaliste qui a écrit l'article sur les femmes bunker, dont vous vous êtes largement inspiré pour rédiger votre bulletin. Mon article est disponible à cette adresse : <br /> http://www.rue89.com/2010/09/05/violentees-et-cloitrees-dans-des-abris-les-femmes-bunker-165015<br /> <br /> Je vous serais gré d'indiquer sur votre blog le nom de Rue89 ainsi qu'un lien vers le site d'information. Vous pouvez consulter le règlement d'utilisation des articles du site à cette adresse : http://www.rue89.com/les-faq#5.2<br /> <br /> Merci beaucoup,<br /> Marie Kostrz
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