La marchande de crevettes
Juliette, un sacré personnage que Juliette. Mais non, elle n'est pas assise en face de moi. C'est de la chanteuse dont je vous parle : elle a du coffre, du dynamisme et surtout de très beaux textes. En un mot, vous l'avez compris, je l'aime beaucoup. Une chanson me vient :
Ils arpentaient les rues et campaient sur les places
Chargés d'objets obscurs, de graines ou bien de vent
Proposant tout ou rien et de bien peu vivant
Leurs grands cris appâtant la vaine populace
Ils arpentaient les rues et campaient sur les places
Oh, combien je regrette leurs voix et leurs musiques
Leurs mains escamotant les piécettes d'argent ...
Et, cela me rappelle : la marchande de crevettes - des petites crevettes grises cuites juste comme il faut. Elle venait de la côte (située à une trentaine de kilomètres de chez nous) en "mobylette" : un grand panier sur le porte-bagage. Dans le panier, nous trouvions les fameuses crevettes enveloppées dans un grand torchon blanc. Elle arpentait la ville en criant :
"Voilà mes crevettes. Voilà mes crevettes ...."
Je la revois encore avec son visage hâlé par les embruns (et peut être également par quelques p'tits coups de blanc). Ses crevettes, elle les a toujours vendues le même prix 1 franc, il me semble, la tasse.
Jamais, elle n'a augmenté le prix. Quant à la tasse, elle diminuait régulièrement jusqu'à disparaître comme la marchande de crevettes.
Rien que d'en parler, je les savoure encore ces petites crevettes grises, fraîchement pêchées et cuites. Elles ne connaissaient pas la congélation, ses petites crevettes. Fermes, elles étaient et vous pouviez les manger d'un coup d'un seul - parfois, compte tenu de leur taille, vous ne pouviez croquer la tête mais cela était bien rare. Quel délice ! Quel régal !
"Voilà mes crevettes ...."