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Post'it du Jour
22 septembre 2010

Anna …

C’était ma grand-mère … Oh, nos rapports n’ont pas toujours été au beau fixe mais peu importe … Je veux seulement vous envoyer une « photographie d’une vieille dame » qui a connu deux siècles … le XIX ° et le XX ° .

Ma grand-mère était une femme de la campagne. Elle a peu voyagé dans sa vie quoique, dans les vingt dernières années de sa vie, elle aura parcouru plus de kilomètres que dans les soixante-dix premières.

Elle avait les cheveux blancs et très longs qu’elle portait en chignon. Je ne sais même pas s’ils ont connu les mains d’un coiffeur.

Le maquillage : « qu’est ce que c’est que toutes vos crèmes que vous vous mettez sur la goule. » Oui, en Saintonge, on parle plus de la goule que du visage, d’ailleurs notre célèbre barde ne se nommait il pas Goulebenèze – un visage qui traduit le bien être (être benèze : être bien).

Oh, elle employait plus souvent des locutions saintongeaises que des phrases avec des mots pointus – ces derniers sont réservés aux gens de la ville. Quand elle rencontrait des « gens de la ville » elle essayait bien de parler « pointu » mais souvent le naturel revenait au galop.

Ou bien, elle nous sortait des phrases très imagées pour nous décrire une situation et si jamais son interlocuteur ne saisissait pas le sens véritable de « l’image », elle partait le plus souvent dans un grand fou rire.

Je me souviens comme cela de deux ou trois phrases :

« Ah celle-là, elle peut aller porter des poulets au marché ». Cela signifiait qu’elle n’avait guère de beaux mollets. Vous voulez l’explication véritable : et bien, pour emmener les poulets au marché, on les attachait par deux ou trois, on faisait ainsi deux lots que l’on prenait dans chaque main. Le long du voyage, il n’était pas rare que l’un des poulets satisfasse un besoin naturel. Alors, si la belle fermière n’avait pas de gros mollets, elle ne risquait pas de les voir tachés.

« Il est allant comme une tête de mort derrière une malle ». Je n’ai jamais eu la véritable explication mais cela signifiait que la personne n’était pas très dynamique (être allant). Pourquoi derrière une malle ? Mystère.

Nous avions de la famille dans la région parisienne et ma grand-mère (alors qu’elle devait avoir environ 70 ans) fit quelques escapades à Paris. Mon cousin eut la merveilleuse idée d’emmener notre grand-mère aux Folies Bergères où de belles girls évoluaient dans leurs merveilleux costumes. Elle ne fut pas choquée la grand-mère par le spectacle. Mais je me rappelle encore sa réaction à son retour :

« Ah, cela m’énerverait d’avoir ce bout de tissu, enfin de ficelle dans la raie des fesses. Elles doivent être à l’aise avec ça. »

C’est vrai que la pauvre, elle n’a jamais du connaître le string. Je me souviens des culottes en coton qui séchaient, accrochées au fil à linge …..

A propos de tenue vestimentaire, à de très rares exceptions près, je n’ai jamais vu ma grand-mère autrement vêtue que de son « sarreau » et de son « devanteau » (qu’elle ôtait quand arrivait du « beau monde »)

Le « sarreau », il y avait celui de la semaine et celui du dimanche. Au fait, c’est une blouse, tout simplement. Quant au « devanteau », c’est un tablier pour protéger le « sarreau ». Quand ma grand-mère voyait une femme faire de la cuisine sans le « devanteau », son sang ne faisait qu’un tour.

Pour terminer, j’évoquerais un dernier détail qui m’a assez frappé dans ma jeunesse. Et elle en parlait très librement. Dans son armoire, elle gardait précieusement une chemise de nuit en coton rose, toute neuve …. Pour le « dernier voyage » … j’espère qu’ils n’ont pas oublié car elle avait l’air d’y tenir …beaucoup.

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Commentaires
S
J'espère qu'on lui aura mis sa plus belle robe, celle qu'elle gardait pour les grandes occasions...
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