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Post'it du Jour
28 avril 2011

Un non-lieu et deux ados …

Deux ados sont morts et la justice (telle est son nom) décide d’un non-lieu, même pas une inculpation pour non-assistance à personnes en danger.

Le 27 octobre 2005, trois adolescents poursuivis par des policiers s'étaient réfugiés par méprise dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Deux d'entre eux, Zyed Benna et Bouna Traoré, sont morts électrocutés. Le troisième, Muhittin Altun, a été gravement blessé.

Les enregistrements des conversations des policiers, saisis pendant l’enquête, font apparaître cette phrase prononcée par l’un d’eux : « En même temps, s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ».

La « police des polices » a dénoncé dans un rapport, en 2009, la « légèreté » des policiers mais sans demander leur suspension. De là, le parquet avait conclu à  la bonne foi des deux policiers.

Ils savent que des jeunes risquent leur vie mais, de bonne foi, ils ne font rien. C’est vrai, ils se prénomment Zied, Bouna et Muhittin … ah, s’ils s’étaient appelés François-Xavier, Pierre-Henri ou Charles-Edouard … le ministre de l’Intérieur serait intervenu en personne auprès de l’EDF. Au fait, il se nommait comment le ministre de l’époque … N.S je crois.

Pour leur défense, les policiers ont cru que les deux jeunes gens étaient ressortis !!!

Les juges d'instruction ne suivaient pas cette analyse et estimaient que les deux policiers n'avaient pas agi pour faire couper le courant électrique par EDF, comme ils l'auraient dû.

La chambre de l’instruction de Paris a infirmé l’ordonnance rendue en octobre par les deux juges de Bobigny qui avait ordonné un procès pour « non assistance à personnes en danger ».

Maitre Jean-Pierre Mignard, avocat des parties civiles, a annoncé qu’ils vont se pourvoir en cassation. Ce recours ne pourra, malheureusement, porter que sur la forme et non le fond. La police est donc blanchie.

Jean-Pierre Mignard a dit sur France Inter éprouver un "double sentiment de honte et de tristesse" après cet arrêt. "La justice s'est compromise dans un dossier dans lequel elle devait permettre la réunion du tribunal", a-t-il déclaré.

Il a dit penser que la décision avait été rendue sous pression du pouvoir politique qui aurait instrumentalisé le parquet. "Nous avons en France un parquet politique, qui n'est pas indépendant, pas impartial", a-t-il dit.

Espérons que ce verdict ne va pas raviver les émeutes qui avaient suivi cette « bavure ».

Deux jeunes sont morts …

Muhittin Altun est certes rescapé physiquement mais moralement !!!

Il ne faut pas oublier ce qui s’est passé en Mars 2006 (cf. 20 minutes du 31mai 2006). Quelques extraits de l’interview de Muhittin :

« J'étais à cinquante mètres de mon immeuble, à Clichy-sous-Bois, je regardais ce qu'il se passait. Une quinzaine de personnes avec des cagoules brûlaient des poubelles, les pompiers les éteignaient. Il faisait encore jour, il y avait du monde dans la rue. Quand des CRS sont arrivés, les jeunes ont couru.

Je suis resté, je n'avais rien à me reprocher. Je me souviens que deux policiers venus me voir à l'hôpital juste après mes graves brûlures m'avaient demandé pourquoi j'avais couru avec Zyed et Bouna. Ils m'avaient dit : « Quand on n'a rien à se reprocher on ne court pas en voyant la police. » Mardi, je n'ai pas couru, je me suis retrouvé en cellule.

Ils m'ont demandé mes papiers, je ne les avais pas. Ensuite, ils m'ont emmené un peu plus loin. Au bout d'un moment ils m'ont dit « Ah c'est toi Muhittin ? » Une policière a sorti une pierre et m'a dit que c'était moi qui l'avais lancée sur leur voiture, que j'avais été reconnu. Je leur ai dit que c'était faux. Ils m'ont emmené au commissariat. J'ai été interrogé et mis en cellule.

Pendant la garde à vue, un policier m'a dit : « On en a marre de toi », alors que je n'ai rien à me reprocher. A Clichy, je suis souvent contrôlé sans raison. C'est comme si on voulait me faire passer pour un voyou. »

Recueilli par Stéphane Colineau

Muhittin était aussi là pour travailler. Il était en stage pour un livreur de pizza ambulant et il devait s'occuper du véhicule au moment où il a été arrêté.

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