Liao Yiwu

J’avoue que sans cet article de Pierre Haski sur Rue89, j’ignorais jusqu’à aujourd’hui qui était ce monsieur.

Liao Yiwu a écrit un livre « Dans l’Empire des ténèbres » que l’on pourrait nommer « voyage au bout de l’enfer du goulag chinois ».

Robert Badinter décrit ce livre comme l’un des grands livres de la littérature pénitentiaire, à côté de Soljenitsyne.

Après un tel éloge, comment ne pas avoir envie de découvrir cet auteur ?

Pour écrire cet ouvrage de 650 pages, Liao Yiwu a dû s’exiler en Allemagne sinon les autorités chinoises lui en auraient fait payer le prix.

La lecture de « Dans L’Empire des ténèbres » est un choc : une écriture rabelaisienne, un humour ravageur et beaucoup d’autodérision, mais aussi une violence, physique et morale, insupportable.

A la question de Pierre Haski : « Comment tient-on ? ». Il a répondu simplement :

« Lorsque je suis arrivé en prison, j’ai rencontré Li Bifeng qui avait été incarcéré quelques mois avant moi. Lorsqu’il m’a raconté les conditions de détention, je lui ai demandé moi aussi, “comment fait-on pour tenir ?”. Il avait haussé les épaules et m’avait répondu : “Je ne sais pas, on tient”. »

Liao Yiwu était un jeune poète un peu beatnik de l’est de la Chine dans les années 80, les années de l’ouverture post-maoïste.

A propos de la répression sur la place Tiananmen, il écrira un grand poème « Massacre » qui deviendra l’un des symboles de l’horreur que Pékin vient de connaître et dont le Parti Communiste niera jusqu’à la réalité.

Il sera arrêté et connaîtra quatre années de cauchemar : humiliation, tortures, violences corporelles, …

Une des spécialités du centre, le « Ragoût de groin de cochon » : l’exécutant écrase les lèvres du détenu entre deux baguettes jusqu’à ce qu’elles enflent.

Je pense que ce livre mérite d’être lu.

J’aurai vraiment toujours beaucoup de difficultés à admettre que des gens se réclamant du communisme et qui de ce fait devraient être pour l’égalité, la fraternité …. puissent agir de la sorte envers leurs concitoyens.